Salut les Amis,
C’est bien au chaud sous la couette, une fois n’est pas coutume que je décide de vous raconter l’envers du décor de la dernière régate de Class A de la saison du « Quetzal Project » en 2019 : Le National France !!!
Disons le tout de go, c’était mon deuxième objectif sportif de la saison après le mondial britannique clôturé comme vous le savez tous par une belle 9ème place. Et comme objectif, j’avais placé la barre au plus haut, la Victoire, rien de moins. Enfin ça c’est pour le désir. Car il restait à construire la performance, alors que je n’avais pas navigué en Class A depuis l’été international. Enfin pas navigué est un bien grand mot, car je m’endors toujours à la barre d’un voilier, et encore plus souvent celui qui me permet de voler, encore plus haut et plus vite dans les bras de Morphée…
Evoquant là une technique que j’utilise depuis déjà bien longtemps, la visualisation mentale, permettant de se mettre en situation sans forcément avoir besoin d’enfiler systématiquement une combinaison mouillée 😉
A propos de ma combinaison, je tiens ici à faire l’éloge de mes vêtements de voile Magic Marine, mon partenaire depuis 2 ans, et qui me permet de naviguer en toute sérénité avec des vêtements aussi protecteurs que chauds alors que le soleil nous réchauffe de moins en moins à l’approche de l’hiver en hémisphère nord.
Pour la suite, il reste à mettre en place « les routines », s’appuyer sur les basiques pour entrer progressivement en concentration. Ça doit vous rappeler quelque chose : « toujours les mêmes gestes, d’abord la chaussure gauche puis la droite, toujours, puis une gorgée d’eau minérale… » Si amusante soit cette anecdote elle reflète pourtant bien des habitudes de champion qui consiste à se mettre en mode automatique avec peu de réflexion sur une succession de gestes essentiels à accomplir avant une performance. Et donc économiser de l’énergie mentale tout en entrant en concentration. Par exemple chausser des crampons avant un match de football de haut niveau. Et bien si je ne joue pas au football en compétition, je fonctionne de la même manière pour préparer mon bateau ainsi que le pilote que je suis…
Et enchainer les gestes machinalement pour agir efficacement ensuite lorsque les situations du jeu deviendront imprévus et donc nécessiteront de l’agilité et de la créativité. Rien qu’à regarder Rafael Nadal au service vous donnera une idée de jusqu’où les grands champions placent de l’importance dans les routines !
De bonnes nuits de sommeil, un footing de décrassage, des étirements pour digérer la route et voilà « le skipper qui se sent pousser des ailes ! » en forme pour regarder avec une agressivité maitrisée le chemin à parcourir vers la prochaine marque de parcours.
Le décor est planté, le lac de Maubuisson et son plan d’eau de rêve et le club du Cercle de la Voile de Bordeaux Carcans-Maubuisson à l’organisation parfaitement rodée. Un plateau de 51 concurrents pour 8 nationalités (FRA, BEL, NED, GER, ESP, CZE, SUI, DEN) et une régate de 4 jours. What Else ?!
Le premier jour de course de nous permettra pas de concourir par manque de vent
Le second jour de course nous enchainons 3 courses dans un vent qui sera variable en force de 8 à 20 noeuds et un plan d’eau traversé par un grain. Avec une pluie si dense que la visibilité sera fortement réduite. Gare aux skippers en manque de sens de l’orientation. Des risées irrégulières rendent les vols au vent arrière délicats mais c’est un exercice intéressant pour parfaire la maitrise de mon rapide oiseau.
Sur le plan comptable je rends une carte parfaite avec 3 victoires de course.
Pour l’anecdote, sur les deux tours prévus sur la première course du championnat, je fus suffisamment rapide pour que le comité de course n’anticipa pas mon arrivée, et lorsque je me suis approché à faible vitesse de la ligne d’arrivée, il aura fallu un moment de flottement et un bref échange de mots (« Suis-je disqualifié pour départ prématuré ?? ») pour qu’ils m’accordent la victoire de course 😉
Au troisième jour, le vent est faible, alors je modifie les lattes de ma Grand’Voile afin de lui donner plus de puissance que la veille…Et il faut dire que la meute des class A Vintage fût bien difficile à contenir dans ce vent léger où il n’est pas possible placer une accélération et un vol. Bien heureusement je navigue actuellement avec la voile de mon nouveau partenaire technique « North Sails » avec laquelle je peux avoir une polyvalence remarquable et rivaliser avec les meilleurs « classics » dans le petit temps. Une 6ème place sur l’unique course validée de la journée est un résultat intéressant !
Tout reste à faire sur le quatrième et dernier jour de course alors que les conditions météorologiques présage d’un vent faible…
Si le départ de la première course est gagné, le vent reste tellement faible qu’au vent arrière il est bien difficile de rester aux avants-postes. A tel point que peu de temps avant l’arrivée, je manque l’opportunité d’une risée (risée est un bien grand mot!) perdant quelques places sur le fil. 13ème…
Une autre course est lancée dans un vent toujours aussi faible et avec le soleil qui chauffe doucement laisse présager un effondrement possiblement aussi soudain que complet…Bref, ça chauffe aussi sous le casque, car le titre se joue surement sur cette course là…Encore un bon départ avec une belle énergie, arrivé aux avants-postes à la marque au vent, un souffle divin me soulève et me permet de m’envoler avec Quetzal 4 enchainant les mètres au-dessus des flots avec une concentration extreme afin de me dégager de mes poursuivants directs sur cette course tout autant qu’au classement général à ce moment précis (bien que je n’y pense pas au coeur de l’action).
Le vent est tout de même trop faible pour que le vol au portant dure tout du long, alors la gestion de la transition se fait en douceur en respectant la vitesse accumulée afin de poursuivre la glissade au maximum.
Le premier près se fait le couteau entre les dents, afin de cumuler les mètres, que dis-je les centimètres d’avance au maximum, à bloc :
Un deuxième près maitrisé avec des trajectoires tendues, des manoeuvres franches. L’arrivée à la marque au vent avec implication, minimiser les mouvements parasites, des gestes efficaces sur les changements de réglages préparant le possible vol au portant suivant dans un vent léger…
L’enchainement des actions pas à pas, penser vitesse, faire glisser la carène, que les appendices fassent ce pourquoi ils sont là, soulager le poids du bateau, jusqu’à ce que :
Un vol sur un quart de bord, court, intense, l’écart se creuse, seul en vol sur le plan d’eau, je savoure cet instant sur mon tapis volant, le dernier souffle porteur de mon projet et la fin d’une saison sportive remarquable…
Un vol qui scelle une victoire sur la 6ème course du championnat…
De longues minutes pour attendre que tous les concurrents franchissent la ligne d’arrivée de cette course, et de constater que le vent s’essouffle encore un peu plus, contraignant la direction de course à clore l’événement sur le plan sportif, siffler la fin de la partie.
Un poing rageur, un large sourire et un « YES » en guise de marque de satisfaction pour le travail accompli. Des souvenirs pleins la tête comme après chaque grand championnat (et même moins « grand ») et d’une expérience qui servira la suivante, comme d’un chemin sans fin. N’oublions pas que gagnant ou pas, tout reste à refaire dès que le pied à fouler le sol après le podium, même si la tête reste dans les nuages…:-)
Un podium avec les vainqueurs dans chaque catégorie pour une belle photo de famille et déjà de bons souvenirs.
Maintenant reste à gérer d’avoir une plus grande cheminée pour y positionner en bonne place sur la cheminée !
Et voilà la saison 2019 de Class A qui se termine avec un sentiment d’accomplissement et des rêves pleins la tête pour la suivante. Et si j’avais déjà commencer à y penser ???!!!
Un grand merci à François Ollivry pour ses clichés, qui sont tous visibles via son blog photo :
https://marine-photos.blogspot.com
Enfin pour vous récompenser nous irons boire un verre de vin chaud bientôt…
Ou une boisson couleur locale si la neige tarde à venir…
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A très vite pour la suite
Carpe Diem
Emmanuel